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Voyage au Malawi
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS D'UN VOYAGE AU MALAWI
« Alors, est-ce-que vous avez fait un beau voyage au Malawi? », telle fut la question que nos amis et connaissances nous ont invariablement posée à notre retour d'un voyage au Malawi du 3 au 19 octobre 2015. Notre réponse était toujours la même: « Un beau voyage? Disons plutôt un voyage impressionnant et instructif ». Dire en effet que le voyage a été beau est inexact en raison de la pauvreté sidérante des gens que nous avons vus.
Que dire en effet d'un pays où la mortalité infantile est toujours à peu près de 50%, l'espérance de vie de 49 ans, la maladie la plus répandue reste la malaria, les femmes mettent au monde leur premier enfant en moyenne à 15 ans, beaucoup de maisons ne disposent pas d'un toit digne de ce nom et ne sont munies ni d'eau courante, ni d'électricité? Les enfants en âge scolaire portent la plupart du temps des chiffons qu'on ne peut guère qualifier de vêtements et ne disposent que rarement de chaussures. Les femmes de tout âge portent sur leur tête de lourds fardeaux: sacs de farine, bassines d'eau, bois, …. Il n'y a guère de routes, sauf les grands axes reliant les principales villes, mais plutôt des pistes de terre battue qui, dans la période des pluies, se trouvent dans un état effroyable, rendant impossible le moindre déplacement, fût-ce à l'école. Inutile de préciser que les pannes d'électricité sont quotidiennes.
L'hôpital Saint-Gabriel de Namitete couvre un territoire qui est un peu plus petit que celui de notre pays avec une population d'à peu près 300 000 habitants. Pour gagner l'hôpital beaucoup de malades doivent faire à pied des dizaines de kilomètres, en principe accompagnés de membres de leur famille, la solidarité familiale n'y étant pas un vain mot. Les malades qui ne peuvent pas se rendre à l'hôpital à pied, y sont transportés moyennant des „vélos-ambulances“, financés par l'ONG. Il s'agit de vélos auxquels sont attachés des charrettes où les malades prennent place. Trois médecins ainsi qu'une trentaine d'infirmières travaillent à l'hôpital et chacun fait de son mieux pour donner les meilleurs soins aux innombrables patients qui se présentent chaque jour et que nous avons pu observer formant une interminable file d'attente. Il s'entend qu'on ne dispose pas d'appareils médicaux récents ou sophistiqués et la fourniture de médicaments appropriés est un problème récurrent. Les dortoirs surpeuplés sont très certainement difficiles à supporter pour les malades et la vue des malades nous a, en tant que simples visiteurs, rendus mal à l'aise.
Dans les environs de l'hôpital, l'ONG finance chaque année le forage d'une dizaine de puits pour assurer une eau de bonne qualité et en assure le contrôle avec l'assistance d'autochtones. Dans plusieurs villages l'ONG a également construit des écoles, les a pourvues du matériel scolaire et a payé les habitations pour les instituteurs, condition nécessaire pour que ceux-ci ne regagnent pas les grandes villes. Il convient de noter que c'est également l'ONG qui assure en partie la formation continue des enseignants en y déléguant régulièrement des enseignants luxembourgeois.
Nous avons vu que dans des villages ne bénéficiant pas d'une aide spécifique de la part d'une organisation privée, l'enseignement continue à se faire à l'ombre d'un arbre, les enfants y étant assis par terre et ne disposant ni d'un cahier, ni de livres ou de stylos. En période de pluie il n'y a dans ces villages pas de cours!
Impressionnant est également l'hôpital itinérant, mis en place par les responsables de l'hôpital Saint-Gabriel, où les habitants de la région sont invités pour faire vacciner les petits enfants, le contrôle médical de ceux-ci ainsi qu'un examen médical des femmes. A la même occasion les règles d'hygiène et d'une alimentation saine sont apprises aux jeunes mamans de même que l'éducation sexuelle réaliste.
Il importe de noter que seuls sont soutenus les projets pour lesquels la population concernée est demanderesse et où il y a des habitants qui sont d'accord de contribuer à la réalisation d'un projet et qui en assurent le fonctionnement indépendamment d'une intervention de responsables de l'hôpital ou de l'ONG.
A l'issue de notre voyage on s'est dit que certes il y a „le poids des mots et le choc des photos“, mais voir de ses propres yeux, concrètement durant une dizaine de jours la vie extrêmement difficile d'une très grande partie des Malawiens, en donne un reflet bien plus fidèle et exact.
Toutefois il ne faut pas perdre espoir et voir uniquement le côté négatif des choses. Les Malawiens sont en effet d'une gentillesse remarquable. C'est ainsi que nous étions accueillis, dans tous les villages où l'ONG a développé des activités, avec grand enthousiasme, ce qui reflétait la reconnaissance des habitants pour les projets réalisés.
Il s'entend qu'il ne faut pas être naïf au point de croire que des organisations privées puissent être à même de redresser la difficile, voire scandaleuse situation dans laquelle se trouve une grande majorité des pays africains. Il s'agit dans l'espèce d'un problème politique majeur.
Force est toutefois de constater que les gens qui vivent dans les alentours de l'hôpital Saint-Gabriel bénéficient d'une qualité de vie infiniment meilleure que ceux qui habitent une autre région.
Dire que toute aide en matière de développement n'est qu'une goutte d'eau sur „une pierre chaude“ est tout simplement inexact. En effet contrairement aux gouttes d'eau visées, les aides de l'ONG, bien ponctuelles il est vrai, ont un effet durable sur la santé, l'éducation, l'eau, l'hygiène, l'agriculture ainsi que le sort des femmes, problème essentiel et vital.
Verser même une somme modeste, permet aux destinataires d'avoir (un peu) plus pour être (un peu) plus.
On ne saurait clore ce bien court rapport d'un voyage exceptionnel sans rendre un hommage appuyé à la sœur luxembourgeoise Justina, qui travaille au Saint-Gabriels-Hospital de Namitete depuis 1968. Bien qu'âgée de 78 ans elle a un dynamisme, une lucidité, un savoir-faire, une gentillesse, une débrouillardise ainsi qu'une connaissance des gens hors du commun. Les matinées elle travaille à l'hôpital, les après-midi elle se trouve sur les chantiers, vérifie le bon fonctionnement des différentes réalisations, entre autres la ferme, le moulin à maïs ou encore la production de farine à distribuer aux familles les plus pauvres.
Elle sait fort bien qu'il lui faut assurer la pérennité de l'ensemble des installations qui ont été érigées par les sœurs et l'ONG au cours des 50 dernières années.
Bref, disons-le au risque de la fâcher: Sœur Justina est bien notre Mère Teresa et Sœur Emmanuelle à nous.
Liz et Roby Biever-Goerens